mardi 7 mai 2013

Je veux que tu vives


 J'ai connu beaucoup, beaucoup de personnes qui voulaient mettre fin à leur jours. Des adolescents de mon âge, voir plus jeunes m'en ont parlés avec plus ou moins de sérieux, des plus vieux, des adultes, et des personnes âgées.

 Je me suis longtemps demandé comment ça se faisait, pourquoi on en arrivait là. Pour la petite anecdote, quand j'avais environ 9 ans, une amie m'a fait promettre de ne jamais me suicider (t'as vu les discussions joyeuses que j'avais quand j'étais gosse). J'ai eu énormément de mal à lui accorder ma promesse, parce que je me disais qu'un jour, cette envie de mourir me frapperai peut être moi aussi, et que je ne résisterais peut être pas. Que parfois, c'est peut être réèlement la seule solution envisagée.

 Dans mon entourage plus ou moins proche, plusieurs personnes ont déjà fait des TS, certaines ont étés vraiment très proche de réussir leur coup. Parmi ses gens là plupart avaient des enfants (ou de jeunes frères et soeurs), soit dit en passant. J'ai souvent entendu dire que les gosses, c'est ce qui te tient à la vie, ce qui t'empêche de passer de l'autre coté quand ça va vraiment très mal (merci Maman).

 Je ne supporterai pas d'apprendre qu'un de mes parents s'est suicidé, ou à essayé de le faire. Je me sentirais coupable. Je pense que la culpabilité est très courante, voir omniprésente dans les deuils, quelque soit la cause du décès. Mais je n'ose pas imaginer à quel point elle est forte quand la cause est un suicide.

 A vrai dire, ça ne concerne pas que les parents. Toutes les personnes que je sais aller mal, je m'en sens responsable. Je me dit que, si elle passe à l'acte, ce sera quand même un peu ma faute. Que si tu peux retenir tes darons, tu peux retenir d'autres personnes. Que le peu que j'aurais pu faire, c'est peut être ce tout petit rien qui les auraient retenu un peu plus longtemps. Quelques fois, ça devient carrément obsessionnel.

 Je pense que, de façon objective, mon raisonnement tient la route. Qu'on a tous notre part à faire dans la vie des autres. D'un autre coté, on peut pas enlever aux gens le pouvoir qu'ils exercent sur leur propre vie. On ne peut pas les assister continuellement, les forcer à penser comme ci ou comme ça . Même avec tout la bienfaisance et la bonne volonté du monde, on ne peut pas effacer leur vécu ou leur douleur. Parfois, malgré qu'on aie fait son maximum, la personne décidera de mettre fin à ses jours.

Trop souvent en voulant aider quelqu'un qui pense au suicide, on lui en rajoute. On le culpabilise. On le fait sentir encore plus mal, plus nul, plus inutile, plus faible. On le pousse vers la porte de sortie. Parler de ce genre d'envie devrait être libératoire, pas culpabilisant.
C'est extrêmement difficile de "bien" réagir auprès de quelqu'un qui veut mettre fin à ses jours. Prendre en compte son vécu, sa personnalité, ce qu'il lui en a fait arriver là, ce en si peu de temps qu'il en faut pour parler. A mon avis personnel, l'humain n'a pas été créé pour ça. Pas pour décider d'arrêter de vivre. Quels genre de souffrances une personne endure-t-elle avant d'en arriver à ce stade ? Lorsqu'on en a pas idée, il est pratiquement (totalement?) impossible de se mettre à la place de ces personnes. Parce que cette pensée n'est, selon moi, pas innée.

Pour conclure, je dirais que le fait que le suicide est quelque fois la seule solution envisagée  ne veut absolument pas dire qu'elle est la bonne. Mais que notre influence sur celle que prendront les autres reste cruellement limitée.













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